Strategy picture one

Déclaration de la CME à l’occasion de la Journée internationale de l’éducation de 2023 : Investir dans l’humain, faire de l’éducation une priorité

#InvestInEducation #EducationDay #IDE2023                                                                

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, la Campagne mondiale pour l’éducation renouvelle son engagement en faveur de ce droit humain et fondamental et réitère son appel aux gouvernements et à la communauté internationale pour qu’ils progressent dans la réalisation du programme de développement durable et des engagements du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Comme l’indique l’UNESCO, 6 enfants sur 10 ne peuvent pas lire et comprendre une histoire simple à l’âge de 10 ans ; 244 millions d’enfants et de jeunes ne sont toujours pas scolarisés, tandis que le nombre de jeunes actifs a baissé de 34 millions en 2020, à un taux supérieur à celui des adultes[1]. Dans le monde entier, selon l’organisation Education Cannot Wait[2], les urgences climatiques ont un impact sur l’éducation de 40 millions d’enfants chaque année. À l’échelle mondiale, 222 millions de jeunes filles et garçons sont touchés par des conflits, des catastrophes d’origine climatique, des déplacements forcés et des crises prolongées et ont donc besoin d’un soutien éducatif urgent.

Il est clair qu’avec la crise de l’apprentissage, l’éducation connaît une crise de violence et d’inégalité, qui touche particulièrement les personnes et les communautés marginalisées. Le droit à l’éducation doit donc être une priorité pour accélérer les progrès vers tous les ODD dans un contexte de récession mondiale, d’inégalités croissantes et d’urgences climatiques.

La CME a adopté un nouveau plan stratégique visant à renforcer notre travail dans tous les domaines du droit à l’éducation, y compris les aspects sociaux, économiques et politiques associés aux divers obstacles. L’un des aspects évidents qui fragilisent ce droit est le manque de financement durable. En effet, le déficit de financement annuel pour atteindre l’ODD4 dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur est estimé à 148 milliards de dollars[3].

L’ODD4 ne pourra être réalisé d’ici 2030 sans une augmentation significative et bien ciblée des financements, en particulier dans les pays les plus en retard dans la réalisation d’une éducation de qualité pour tous à tous les niveaux. Par conséquent, il est plus urgent que jamais de respecter les normes internationales et régionales de l’allocation efficace d’au moins 4 à 6 % du produit intérieur brut et/ou au moins 15 à 20 % des dépenses publiques totales à l’éducation. Selon les normes internationales, les pays développés doivent atteindre l’objectif de 0,7 % du produit national brut (PNB) pour l’aide publique au développement (APD) aux pays en développement[4].

Le sommet sur la transformation de l’éducation a adopté une approche globale des problèmes les plus urgents en matière de financement de l’éducation, appelant à mobiliser davantage de ressources, à accroître l’équité et l’efficacité des investissements dans l’éducation et à établir des données plus solides et précises sur le financement de l’éducation et la redevabilité.

Le manque de progrès dans ce domaine exige des efforts plus importants pour surmonter les formes contemporaines de colonialisme qui continuent de peser sur les pays en développement en matière de financement public.

Malheureusement, les connotations coloniales continuent de mener à des interprétations tendancieuses de la nature des problèmes financiers, renforçant l’idée que la rareté des ressources est attribuable au manque de capacité des populations à résoudre leurs problèmes nationaux, pour lesquels l’aide internationale est fréquemment proposée, comme une panacée aux revenus domestiques, cachant ainsi les ambitions commerciales et la domination politique.

La CME insiste sur le fait que l’aide et la coopération internationales ne sont pas appelées à définir le contenu des politiques publiques dans les pays en développement et que l’un des principaux défis de notre époque consiste à renforcer les budgets nationaux. Il est donc nécessaire de transformer le programme financier en adoptant un pacte mondial, en s’assurant que le programme financier transformateur (qui comprend des actions sur la fiscalité, la dette, l’austérité et la masse salariale du secteur public) encadre les débats nationaux et mondiaux sur le financement dans les années à venir.

Le financement de l’éducation ne doit pas être dissocié des objectifs de l’éducation. Il ne suffit pas d’augmenter les budgets scolaires, ceux-ci doivent conduire à la démocratisation des investissements et à faire des écoles un espace sûr et démocratique pour tous. Le budget[5] doit être un élément directeur des politiques éducatives et cela implique de donner la priorité aux investissements dans les populations qui ont été exclues au fil de l’histoire.

L’augmentation du financement de l’éducation ne suffit pas à elle seule à briser les cycles de l’exclusion, si elle n’est pas consciemment orientée vers le renforcement de la justice sociale par l’éducation. Le financement de l’éducation doit avoir une direction politique et c’est pourquoi il est nécessaire de développer des systèmes de suivi et d’analyse des données pour guider la politique éducative. L’Observatoire du financement de l’éducation de la CME est un pas en avant dans cette direction.

La CME appelle toutes les parties prenantes à continuer de travailler à la réalisation du droit à l’éducation, y compris l’égalité de genre, la justice pour les personnes handicapées et celles vivant dans des situations d’urgence, l’éducation de la petite enfance, l’éducation et l’apprentissage des adultes, et la plus grande participation des enfants, des enseignants, des étudiants et des OSC à la gouvernance de l’éducation. La CME souhaite également se joindre à l’UNESCO pour demander la levée immédiate de l’interdiction d’accès à l’éducation pour les filles et les femmes d’Afghanistan.

 ________________________________________________

[1] https://en.unesco.org/sites/default/files/education_day_2023-cn-en.pdf

[2] https://www.educationcannotwait.org/news-stories/press-releases/the-climate-crisis-disrupts-the-education-40-million-children-every

[3] https://www.developmentaid.org/api/frontend/cms/file/2020/09/374163eng.pdf

[4] Déclaration et cadre d’action d’Incheon

[5] Le document de la CME intitulé "Financing Matters. A Toolkit on domestic financing for Education" de la CME fournit une explication complète du schéma des 4 S, y compris les priorités des budgets de l’éducation.

La Campagne Mondiale pour l'Éducation (CME) est un mouvement de la société civile qui vise à mettre fin à la crise mondiale de l'éducation. L'éducation est un droit humain fondamental et notre mission et de nous assurer que les gouvernements agissent dès aujourd'hui pour réaliser le droit à une éducation publique gratuite et de qualité pour tous.