L’éducation pour tous les enfants en Afrique : l’heure est venue!

À l’occasion de la Journée de l’enfant africain, la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) réitère son soutien au respect des droits de l’homme pour les enfants, en particulier leur droit à l’éducation dès la naissance. La CME félicite l’Union africaine (UA) et le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (ACERWC) d’avoir dédié la Journée de l’enfant africain 2024 à l’éducation. Cette décision renforce la portée de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE), ainsi que son lien avec la Convention des droits de l’enfant et le Programme de développement durable, en particulier l’ODD 4.

On estime que la population des enfants africains atteindra un milliard d’ici 2055, faisant de ce continent celui qui compte le plus grand nombre d’enfants. Ce chiffre significatif a de profondes implications, incitant les États membres de l’UA à évaluer les progrès accomplis dans le cadre des engagements fondamentaux pris en 2014. Ces engagements comprennent la mise en place de cadres législatifs pour garantir un enseignement primaire gratuit et obligatoire, la promotion de l’éducation de la petite enfance et de l’enseignement secondaire, l’adoption de cadres pour l’éducation inclusive, la collecte de données sur les enfants non scolarisés, l’identification des raisons de l’exclusion et la spécification de mesures visant à garantir que tous les enfants soient scolarisés, y compris les plus marginalisés. Pour atteindre ces objectifs, la communauté africaine se concentre sur l’élaboration d’indicateurs et d’évaluations de la qualité de l’éducation, ainsi que de mesures spécifiques pour les enfants vulnérables, tels que ceux qui se trouvent dans des situations économiques défavorisées ou de conflit, et les enfants dont les parents sont incarcérés.

La CME et son membre éminent, le Réseau africain de campagne pour l’éducation pour tous (ANCEFA), soutiennent la mise en œuvre progressive de ces engagements. Conscients des défis associés, nous appelons également la communauté internationale à se joindre aux efforts nationaux et régionaux en place, visant à répondre aux besoins et aux droits des enfants sur le continent.

Les défis auxquels sont confrontés les enfants africains sont énormes, notamment les obstacles physiques et économiques à l’éducation, la mauvaise qualité de l’enseignement et le manque de financement. Les filles, les enfants vivant avec un handicap, les enfants en situation de conflit, les enfants pauvres, les réfugiés et ceux qui vivent dans des zones reculées ont plus de difficultés à accéder à l’éducation. Ils ont donc besoin d’une assistance spéciale et de ressources supplémentaires pour garantir leur droit à l’éducation. Une attention particulière devrait être accordée aux filles qui n’ont jamais fréquenté l’école ou qui ont abandonné à un stade précoce. La violence sexiste dans les écoles ou sur le chemin de l’école est l’un des principaux obstacles à surmonter.

La CME souligne que l’éducation doit être garantie dans le cadre des droits de l’homme. Sa nature habilitante constitue la base du développement personnel et

communautaire, de la justice sociale, économique et environnementale et de la promotion d’une vie dans la dignité.
L’absence d’un enseignement public gratuit et de qualité a conduit à la prolifération d’options éducatives privées de faible qualité. Ces options pèsent sur le budget des familles sans garantir un choix adéquat aux enfants. Les organismes privés dans l’enseignement pré-primaire, en particulier, exploitent les opportunités commerciales au détriment des familles. Les États africains doivent rapidement remédier à cette situation grave en offrant progressivement une éducation publique gratuite, de qualité et inclusive à l’ensemble de la population, y compris aux communautés rurales et autres communautés marginalisées.

L’accès à une technologie numérique appropriée est essentiel pour atteindre l’objectif de développement durable n° 4, en particulier pour les enfants qui ont été confrontés à l’exclusion et à la discrimination. Des écarts existent en matière d’inclusion numérique, les filles sont affectées de manière disproportionnée, aggravant les inégalités en matière d’éducation et renforçant la subordination sociale. Il est essentiel de combler cette fracture numérique chez les filles des zones rurales pour éviter que les inégalités professionnelles, économiques et sociales ne s’aggravent dans leur vie d’adulte.

Il est de plus en plus important d’aborder les droits des enfants dans l’environnement numérique, y compris la surveillance ou la collecte de données qui violent leur droit à la vie privée, ainsi que les risques pour la santé des enfants et les diverses formes de violence en ligne, y compris la violence sexiste. Un processus d’alphabétisation numérique avec une approche critique est également essentiel, afin d’équiper les communautés éducatives pour qu’elles puissent faire face à la numérisation des sociétés.

Un financement adéquat et prévisible est essentiel pour éviter que la dette ne nuise à l’éducation. La CME encourage donc les gouvernements africains à respecter leurs engagements en matière de financement de l’éducation et d’allouer 4 à 6 % du PIB à l’éducation. La mise en œuvre de cadres de justice fiscale est cruciale pour éradiquer les pratiques régressives. La CME salue le leadership de l’UA dans la promotion de la Convention fiscale de l’ONU, qui peut aider les pays à augmenter durablement le financement de l’éducation et d’autres services publics.

La CME salue le travail important du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant. Ses commentaires et recommandations sur la situation des enfants dans les pays en conflit armé sont essentiels. Nous reconnaissons que les situations de guerre et de conflit n’affectent pas seulement directement les enfants et leurs familles, mais qu’elles constituent également une menace sérieuse pour les systèmes éducatifs et les infrastructures scolaires. Elles mettent en danger la vie des enseignants, des élèves et des familles.

La CME fait appel aux États africains pour qu’ils souscrivent à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, un engagement politique intergouvernemental visant à prévenir et à répondre aux attaques contre l’éducation pendant les conflits armés.

Des mesures doivent être prises pour garantir le droit à l’éducation même dans les situations de conflit et d’urgence.

D’un point de vue stratégique, les États africains devraient donner la priorité à la mise en œuvre d’une éducation de qualité sur le changement climatique et établir des cadres pour la prévention et la réponse aux catastrophes dans les systèmes éducatifs.

La CME rend hommage aux victimes du soulèvement étudiant de 1976 à Soweto, en Afrique du Sud, qui a inspiré la commémoration de la Journée de l’enfant africain. Que leur combat continue à nous inspirer en vue d’un monde plus juste et meilleur pour tous.

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La Campagne Mondiale pour l'Éducation (CME) est un mouvement de la société civile qui vise à mettre fin à la crise mondiale de l'éducation. L'éducation est un droit humain fondamental et notre mission et de nous assurer que les gouvernements agissent dès aujourd'hui pour réaliser le droit à une éducation publique gratuite et de qualité pour tous.