Les progrès vers l'objectif de l'éducation pour tous se ralentissent, et les gouvernements donateurs réduisent leurs budgets d'aide à l'éducation de base. Cette situation résulte en partie de la baisse générale des niveaux d'aide, mais les réductions de l'aide à l'éducation de base sont particulièrement sévères et touchent surtout les pays à faible revenu.

Alors que quelques rares pays donateurs maintiennent, voire augmentent, les niveaux d'aide à l'éducation, d'autres les réduisent de façon spectaculaire. Il s'agit d'une trahison à la fois des aspirations des populations et de l'engagement pris en 2000 par 184 gouvernements selon lequel "aucun pays ne doit être empêché
d'atteindre les objectifs [de l'EPT] en raison d'un manque de ressources". Inverser cette tendance est abordable ; ce serait le meilleur investissement à long terme dans l'avenir des individus et des nations, et cela ferait une énorme différence dans la vie de centaines de millions de filles, de garçons, de femmes et d'hommes qui sont actuellement privés de leur droit à l'éducation.

Les pays en développement ont mis énormément d'efforts et de ressources pour remplir leur part du contrat et augmentent les ressources nationales pour l'éducation de base. Mais - à ce moment critique, alors que des progrès ont été constatés mais qu'il est difficile d'aller plus loin - les donateurs retirent leur soutien. Cela conduit à un élargissement du déficit de financement pour répondre aux besoins d'éducation de base dans le monde en développement. Ces dernières années, le déficit de financement de l'enseignement préprimaire et primaire et de l'alphabétisation de base des adultes a en fait augmenté de 10 milliards de dollars US, pour atteindre un total de 26 milliards de dollars US, en grande partie à cause du manque de soutien des donateurs. Si l'on inclut le premier cycle de l'enseignement secondaire, le déficit total s'élève à 38 milliards de dollars US.

La Campagne mondiale pour l'éducation et ses membres dans 11 pays donateurs - Australie, Canada, Danemark, France, Allemagne, Irlande, Japon, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis - ont identifié les tendances de l'aide au cours des dernières années. Education Aid Watch 2013 contient un profil national détaillé pour chacun de ces 11 pays, qui présente des recherches originales de la coalition sur les derniers modèles d'aide. Ces profils décrivent les tendances générales et les priorités gouvernementales en matière d'aide à l'éducation, tout en donnant des recommandations spécifiques pour le programme d'aide de ce pays.

Principaux faits

  • Moins de la moitié des 13,5 milliards de dollars US d'aide à l'éducation sont actuellement consacrés à l'éducation de base et seule une fraction de cette somme soutient l'éducation de base dans les pays à faible revenu qui en ont le plus besoin. Entre 2010 et 2011, l'aide globale à l'éducation de base est passée de 6,2 à 5,3 milliards de dollars US.
  • Les Pays-Bas ont procédé à des coupes sombres dans le soutien à l'éducation de base : en une seule année - entre 2010 et 2011 - l'aide à l'éducation de base a été réduite de 40 %.
  • L'Espagne passera de sa position précédente parmi les dix plus grands donateurs à l'éducation de base à la 16e place entre 2010 et 2013 en raison de ses réductions. L'aide à l'éducation de base devrait être divisée par trois entre 2008 et 2013. Cela se traduira par la perte de l'accès à l'éducation pour 97 000 enfants.
  • En 2010, près de 40 % de l'aide directe du Japon à l'éducation a été consacrée aux bourses d'études pour les étudiants qui étudient au Japon.
  • En France, les dépenses en bourses d'études représentent près de cinq fois le montant consacré à l'éducation de base, soit plus de la moitié de l'aide à l'éducation.
  • En 2012, 62 % de l'aide à l'éducation de l'Allemagne a été consacrée à des bourses d'études, contre 54 % en 2010, signe que la tendance s'aggrave.
  • En 2010, la minuscule île de Mayotte, aux Comores, recevait 52 % de toute l'aide française allouée à l'éducation en Afrique subsaharienne, en raison de son statut de territoire français d'outre-mer, tandis que les îles de Wallis-et-Futuna, dans le Pacifique, arrivent en 7e position sur la liste des bénéficiaires de l'aide française à l'éducation. L'aide directe de la France à l'éducation de ces îles, d'un montant de 67 millions de dollars US, représente en moyenne 1 854 dollars US par élève et par an.
  • Les calculs du Rapport mondial de suivi de l'UNESCO montrent que l'argent dépensé pour une seule bourse allemande pourrait payer la scolarité de plus de 100 élèves au Népal. Pour le montant que coûte une bourse d'études au Japon pour un étudiant népalais, pas moins de 229 jeunes pourraient avoir accès à l'enseignement secondaire au Népal.
  • Tous les pays ne réduisent pas leur aide. Le gouvernement britannique a continué à augmenter ses contributions à l'éducation. L'aide totale à l'éducation - à tous les niveaux d'enseignement - a augmenté régulièrement, passant d'environ 9 % en 2008 à 12 % en 2011.
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La Campagne Mondiale pour l'Éducation (CME) est un mouvement de la société civile qui vise à mettre fin à la crise mondiale de l'éducation. L'éducation est un droit humain fondamental et notre mission et de nous assurer que les gouvernements agissent dès aujourd'hui pour réaliser le droit à une éducation publique gratuite et de qualité pour tous.